CP-046 La passion
“L’Homme vit tellement de passions de toutes sortes, que s’il lui était donné instantanément de perdre ses passions, de ne plus vivre de ses passions, la vie deviendrait pour lui insupportable. Car elle ne vaudrait pas, selon lui, la peine d’être vécue. …” BdM
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L’Homme vit tellement de passions de toutes sortes, que s’il lui était donné instantanément de perdre ses passions, de ne plus vivre de ses passions, la vie deviendrait pour lui insupportable. Car elle ne vaudrait pas, selon lui, la peine d’être vécue. Or, la peine de vivre existe justement parce que l’Homme a besoin de vivre selon un mode d’activités qui astralise constamment sa conscience, c’est-à-dire qui donne primauté à sa conscience animale et planétaire, afin de remplir en lui constamment le vide dont il craint totalement la présence.
L’Homme a peur et souffre du vide, car ce vide n’est pas rempli, il n’est pas supporté par une conscience supérieure en lui qui a le pouvoir de combler ce vide parfaitement. Or, la passion chez l’Homme est sa façon à lui de remplir le vide de sa conscience, qui ne peut être rempli que par une conscience supérieure qu’il ne connaît ou ne reconnaît pas.
La passion peut être divisée en deux catégories générales chez l’Homme. Appelons-les la passion purement animale et la passion de l’esprit. Des deux passions, la deuxième est la plus grande et la plus belle, car elle est créative, c’est-à-dire que cette passion que nous reconnaissons chez les artistes, ou les Hommes qui nourrissent l’esprit des Hommes, a donné à l’Homme sa civilisation. Par contre, la passion animale est la passion la plus fondamentale, car elle est fondée sur les appétits inférieurs de l’Homme et se nourrit de ces appétits.
Cette passion de l’ego ne sert que celui qui en est le porteur, alors que l’autre passion, la passion de l’esprit, sert celui qui en est le porteur mais sert aussi à l’évolution de la civilisation. Or, la passion de l’ego est la passion primitive de l’Homme et l’instruit dans le plaisir de la vie, alors que la passion de l’esprit instruit l’Homme dans le plaisir de l’esprit.
Tant que l’Homme est inconscient de son intelligence supérieure, les deux passions, celle de l’ego et celle de l’esprit, peuvent retarder son évolution vers la conscience supramentale. Car cette dernière est au-dessus des lois de l’ego et de l’esprit de l’ego. Et étant au-dessus de ces lois, elle ne peut jamais convenir à ces lois, de sorte que dès que l’Homme est pénétré ou élevé dans la conscience supramentale, c’est elle qui cherche à imposer à l’ego ou à l’intelligence de l’Homme la qualité de son intelligence créative. De sorte qu’alors la passion de l’ego, ou la passion de l’esprit de l’ego, commence à se transformer pour passer du stage de la passion primitive ou de la passion créative à la créativité pure, c’est-à-dire à cette conscience intelligente dont la puissance est inestimable et sans fin.
Bien que les deux passions chez l’Homme conviennent à son tempérament humain, elles ne peuvent soulager parfaitement l’Homme dans sa vie matérielle, dans sa condition humaine, car elles sont limitées par sa conscience personnelle. Et c’est justement cette conscience personnelle qui crée chez l’Homme la limite de sa vie consciente et qui en retour lui fait vivre un vide qu’il essaie de remplir avec sa passion inférieure ou sa passion créative.
La passion de l’Homme est une condition psychoculturelle de son intelligence réelle, c’est-à-dire que l’énergie de la conscience cosmique en lui est diluée, diminuée par cette condition. Et tant que l’Homme ne réalise pas qu’il y a en lui un niveau supérieur et actif d’intelligence créative libre de ces deux formes de passion, il ne vit que d’elles. Il s’imagine à tort, mais avec raison, que la vie c’est ça.
Le phénomène de la passion chez l’Homme peut être tellement captivant pour lui qu’il aura l’impression, sa vie durant, d’avoir vécu, alors qu’il n’a fait que vibrer émotivement ou intellectuellement alors qu’il aurait pu vibrer cosmiquement, c’est-à-dire parfaitement, et ne jamais souffrir de lui-même, dans le cadre de ces deux formes de passion égocentrique.
Le phénomène le plus étrange qui se rattache à la passion, soit de l’ego ou de l’esprit de l’Homme, c’est que ce dernier cherche à se découvrir dans ses passions. Il essaye de mettre le doigt sur quelque chose qu’il estime être réel en lui. Et pourtant, plus il se passionne, plus il s’éloigne de lui-même, car la passion crée un faux plaisir, c’est-à-dire un plaisir qui ne peut jamais être parfait en lui-même, car justement il n’est pas issu d’une conscience parfaite.
Que reste-t-il alors à l’Homme ?
Il ne lui reste qu’à vivre constamment du renouvellement de sa passion, jusqu’au jour où, épuisé dans son corps physique ou son esprit, la passion le laisse, le préparant ainsi au départ inévitable pour un monde qu’il croit meilleur et sans passion.
La vie du mortel est une vie plus ou moins passionnée et c’est la qualité de la passion dans sa vie qui détermine s’il a bien vécu ou non. Mais l’Homme évolue toujours. Et plus il avance dans le temps, plus les règles du jeu, les règles de la vie inconsciente sont appelées à changer, c’est-à-dire à être remplacée par d’autres règles, par d’autres lois. Et ce sont ces nouvelles règles de vie dictées par la conscience supramentale chez l’Homme qui le forceront à se libérer de la nécessité de vivre passionnément pour vivre réellement, c’est-à-dire sans le support psychologique d’une conscience émotive ou intellectuelle.
La passion engendre chez l’être humain une suite de conséquences graves, vu du point de vue de la conscience cosmique. Une de ces suites arrache l’Homme de la vie et le plonge dans l’illusion de l’acte. Illusion très forte qui le lie à un sens inférieur et subjectif de la vie et qui le couvre d’une noirceur que la lumière de l’intelligence ne peut pénétrer, car l’ego ou l’intelligence de l’ego, son esprit, est insuffisant. Et cette insuffisance colore tous les aspects de ses pensées et de ses émotions. Et l’être humain se découvre alors de plus en plus devant un lui-même qu’il ne peut saisir. Et ceci le fait souffrir, car il réalise que la passion n’est qu’un intoxicant temporaire pour lui faire oublier ou l’empêcher de réaliser qui il est. Et ne réalisant pas qui il est, il ne peut être ce qu’il est, c’est-à-dire lui-même.
L’être humain a l’impression que la passion est le fruit de la vie, lorsqu’en fait elle n’est que son enveloppe. Et l’enveloppe du fruit est souvent amère.
Sur la planète Terre, l’intelligence cosmique ne peut agir que par détournement, par voie insaisissable et irréconciliable avec la raison de l’Homme. De sorte que la passion de l’ego ou de son esprit convient parfaitement à cette passion qui permet à la conscience cosmique de se canaliser sans pouvoir servir l’être humain, car il n’en est pas question pour lui. Et c’est ici que la passion peut devenir pour l’Homme un grand excitant, mais en même temps une raison particulièrement propice pour la conscience cosmique de faire avancer l’Homme dans l’expérience de vie qui convient de plus en plus à son tempérament et à son caractère. Mais cette situation n’aide en aucune façon l’Homme, car il sera toujours prisonnier de la passion, au lieu de devenir maître de l’énergie qui se canalise en lui et qui doit d’une façon ou d’une autre s’exprimer.
Le vide de l’Homme, qu’il essaie de remplir avec sa passion s’il n’est pas comblé par la conscience créative cosmique, ne peut forcer sur la Terre qu’une continuité de l’acte passionnel. Et cette continuité n’a pas de limite, que dans la destruction de l’Homme à long terme. Car l’Homme ne peut plus arrêter l’énergie en lui qui vient se canaliser, car elle dispose du système émotif et mental lui permettant le passage. Si la force de l’énergie est trop grande, la passion s’accroît, non pas parce que la force est trop grande, mais parce que les principes qui la canalisent sont imparfaits.
Nous faisons alors expérience à des abus de passion que nous connaissons dans les annales de la vie de l’Homme. Et dès que l’Homme vit dans l’abus de la passion, il sort de la conscience en lui et éventuellement s’en éloigne tellement qu’il ne sait plus se retrouver, c’est-à-dire ne sait plus où il en est face à lui-même. Ce stage peut être malheureux ou même désastreux.
La passion chez l’être humain convient à son tempérament et à son caractère. Et l’impression que crée en lui le succès ou l’échec de la passion est équivalent à la valeur qu’il se donne selon l’expérience. Autrement dit, plus un être humain enregistre de passion, plus il se croit à la hauteur de la réalité qu’invoque dans son esprit cette passion. S’il subit par contre un échec dans la passion vécue, son être en est affecté et diminué, de sorte que sa vie émotive et mentale en est infirmée.
L’Homme croit que la passion vient de lui, lorsqu’elle est en fait l’expression de l’énergie cosmique à travers ses principes inférieurs inconscients. S’il réalisait ceci, il perdrait petit à petit goût à ses passions, car il percevrait cette même énergie à l’intérieur d’un principe plus grand : le plan mental supérieur.
L’être humain craint tellement de perdre sa passion que lorsque la descente de la conscience supramentale en lui commence à se faire sentir, il vit de grandes périodes vides et sans plaisirs. Et cet état marque le pouvoir vibratoire de l’énergie sur ses principes inférieurs qui autrefois servaient la passion. Cet état nouveau est souffrant pour l’être humain, car il est habitué à faire ce que son intelligence et son émotion commandent. Lorsque la conscience nouvelle se fait sentir et grandit, ces deux principes perdent leur pouvoir sur la conscience de l’Homme. Et le voilà enfin qui commence à sortir de la passion émotive ou mentale, pour vivre finalement le vide qu’il a toujours repoussé de mille et une façons.
C’est alors que le vide commence graduellement à se remplir, mais selon le temps de la conscience supramentale en lui, et non selon ses appétits personnels. Toutes les raisons étaient louables de son point de vue lorsqu’il vivait de la passion émotive et mentale inférieure. Et maintenant ces raisons sont petit à petit détruites, de sorte que l’Homme se rend compte pour la première fois de l’inconscience de sa vie antérieure et de la présence farouche de la conscience supramentale en lui qui grandit.
Autant auparavant il pouvait s’oublier dans la passion, autant maintenant il ne peut plus s’oublier, car il ne vit plus passionnément mais il vit vibratoirement, c’est-à-dire en relation parfaite avec la conscience du vide plein en lui. Et c’est dans le vide qui lui est imposé que l’ego, émotivement ou mentalement, perd de sa signifiance. Et cette perte de signifiance lui fait réaliser que toute signifiance est dans la conscience en lui, et non dans le rebondissement sans cesse d’une passion qui bloque cette présence, cette énergie.
Voilà pourquoi l’ego souffre et voilà pourquoi il se conscientise. Immunisé éventuellement contre la passion sous toutes ses formes, il réalise le grand calme et la grande paix de la vie et ne veut plus retourner dans l’arène de ces jeux antiques. Il devient de plus en plus sensible à l’énergie en lui, et s’aperçoit qu’elle le guide dans le moindre de ses mouvements, et que ses mouvements ne sont plus passionnels mais intelligents, c’est-à-dire liés à l’intelligence de l’énergie en lui. Le vide est rempli. L’Homme est conscient, et avance de plus en plus dans le temps, vers ce point où l’énergie puissante de l’intelligence en lui fera vibrer tout son être afin qu’il puisse être libre, c’est-à-dire capable de supporter cette grandiose énergie et la canaliser en vertu des lois qui émanent de la perfection de la lumière en lui.
Vivre sans passion est impensable pour l’être humain, car l’énergie cosmique en lui sert son émotif et son intelligence. Et ce service constitue la grande illusion de l’Homme. Tant qu’il est passionné, même si l’énergie cosmique est à son origine, une énergie qui passe en lui pour le rendre actif sur le plan matériel, sur le plan de l’expérience, elle n’est perçue par lui qu’à l’intérieur des limites émotives et intellectuelles de sa conscience, de sorte qu’il se sent bel et bien en contrôle de sa vie.
Mais le contrôle de sa vie, s’il lui est enlevé par la conscience pénétrante, crée en lui un choc de réalisation qui trouble son ego. Et ce trouble ne peut plus disparaître de sa vue tant que l’émotif et le mental inférieur n’ont pas été ajustés, c’est-à-dire tant que l’Homme n’est pas devenu suffisamment intelligent. La vie de l’être humain perd alors quelque chose, et cette perte grandit avec le temps, mais elle est graduellement réalisée comme un gain inestimable car la valeur de la vie a été altérée, changée.
La passion de l’artiste pour sa toile a laissé place à un mouvement d’énergie qui dirige sa main et lui révèle une autre facette de son art. La passion de l’écrivain s’est effacée, laissant place à des idées et à des mots qui ne viennent plus de lui. La passion inférieure de l’homme et de la femme s’est retirée pour laisser place à une énergie qui engendre le plaisir sans que l’ego puisse se le donner, etc., etc. Autrement dit, là où il y avait passion, il n’y a maintenant que conscience de l’énergie et cette conscience de l’énergie est le tout qui remplit le vide.
Pour vivre sans passion, il faut pouvoir vivre sans le support émotif et intellectuel de l’ego. Ceci implique chez l’être humain une vie qu’il ne connaît pas et qu’il ne peut s’imaginer, car cette vie est sans faille, elle est parfaite, et sa perfection provient du contrôle total de la conscience supérieure sur les principes inférieurs de l’Homme. Autrement dit, elle est parfaite, c’est une canalisation parfaite de cette énergie dite “cosmique” dans l’Homme. Tant que l’Homme opposera de l’émotion ou de la raison à cette énergie, il ne pourra vivre une vie parfaite, c’est-à-dire une vie vécue selon les lois de l’énergie en lui.
La conscience cosmique de l’Homme est cette expérience de vie qu’il connaît lorsqu’il a conscientisé l’énergie qui passe en lui dans ses centres. Tant qu’il n’a pas pris conscience de cette énergie, son passage par l’émotion ou l’intellect crée ce que nous appelons la passion, c’est-à-dire une qualité de vie imparfaitement vécue car elle n’est pas dominée par l’intelligence de cette énergie, mais simplement réactive à cette énergie.
Tant que les principes inférieurs régissent l’énergie dans l’Homme, ce dernier ne peut parler de liberté, car c’est l’énergie imparfaitement conscientisée qui le fait vibrer et lui donne l’impression d’un libre arbitre. Lorsque l’Homme conscientisé ou lorsque l’Homme conscientise cette énergie, il partage son intelligence, il vit de son intelligence et de sa perfection, et participe intelligemment à son passage dans les centres inférieurs. C’est pourquoi la passion en tant que telle n’existe plus. Ceci ne veut pas dire que l’Homme vit une vie vide d’intérêt, mais que sa vie voit plus loin qu’elle ne voyait auparavant car maintenant elle a été élevée à un plan supérieur, c’est-à-dire le supramental. Douée d’un plan de vie supérieure, la conscience de l’Homme est, par le fait même, plus grande, plus harmonieuse, pleine, c’est-à-dire sans illusion et sans passion.
La vie c’est le passage de l’énergie cosmique dans l’Homme. Et tant que l’Homme n’a pas conscientisé, au niveau de son intelligence, cette énergie, comment peut-il profiter de sa vie puisqu’il la subit par le fait même ?
La passion, pour lui, n’est qu’un aspect des multiples aspects de cette énergie cherchant à se manifester selon son tempérament et son caractère. Mais l’Homme lui, la subit, ne la vit pas. Lorsqu’il cesse de vivre passionnément, il commence petit à petit à vivre selon la vibration de l’énergie, et ceci détermine l’activité mentale ou émotive ou même physique qui doit servir dans l’instant. L’ego est alors désengagé de l’émotivité de l’émotion, de la mentalité de la pensée créative en lui. C’est alors seulement que l’on peut dire que l’émotion et le mental de l’Homme sont parfaits, car le supramental en lui, le vibratoire en lui, domine l’émotion et l’intellect, ne permettant plus de réflexion dans l’ego, c’est-à-dire de passion. Ce dernier se sent libre comme l’enfant qui n’est pas encore prisonnier de ses passions, de son émotion, et de son intellect.
C’est la réflexion de l’ego qui lui fait mal vivre l’énergie passant dans son émotif et son mental ou son physique. Et cette réflexion devient de plus en plus présente avec l’âge, de sorte que l’ego se voit obliger de la vivre constamment d’une certaine façon. La passion apparaît, car c’est elle qui donne à l’ego l’impression qu’il vit vraiment, lorsqu’en fait il canalise imparfaitement l’énergie cosmique en lui. Parler de l’énergie cosmique dans l’Homme c’est une chose, mais la vivre vibratoirement en est une autre.
Tant que l’Homme ne vit de l’énergie qu’au niveau spirituel, mental, émotif, cette énergie s’accumule dans ses centres et ne lui sert pas, car elle manque de volonté, c’est-à-dire qu’elle manque d’intelligence. Pour que l’énergie cosmique serve l’Homme, il faut qu’elle soit volonté et intelligence, et ceci requiert que l’Homme puisse vivre sans passion aucune, c’est-à-dire sans support émotif ou intellectuel.
Seule l’initiation solaire peut produire dans l’Homme cette condition optimale pour l’organisation supramentale des forces en lui, qui ont toujours servi sa ou ses passions matérielles ou spirituelles. Il faut comprendre que la spiritualité est aussi une passion, une grande et belle passion. Mais cette passion aussi est régie par les lois planétaires de la nature inférieure de l’Homme.
Vivre sans passion veut dire vivre sans vouloir ou chercher quoi que ce soit ; simplement vivre le moment instantané où l’énergie passe par les centres et se manifeste. Vivre réellement exclut toute réflexion émotive ou mentale, c’est-à-dire toute passion quelle qu’elle soit. Sinon la vie n’est pas parfaite, car c’est l’Homme qui cherche à la dominer, à la colorer, au lieu qu’elle soit libre et sans réflexion dans l’ego.
La passion spirituelle est la grande passion avant la destruction de toutes les passions. C’est la passion des êtres sensibles, c’est la passion des êtres évolués, c’est la passion des êtres qui cherchent la réponse à la vie, c’est la passion de toutes les passions, c’est la passion qui doit être dépassée en dernier lieu, et qui mène l’Homme devant le voile de son intelligence réelle : la conscience cosmique. Devant ce voile, devant la lumière derrière ce voile, la passion spirituelle est grande. Et lorsque le voile se déchire, elle meurt avec un grand cri d’effroi, car elle ne peut plus sauver l’Homme, ou son esprit, ou son âme, tel qu’il l’avait cru. Elle n’avait servi qu’à le faire s’approcher de l’inévitable, c’est-à-dire de la conscience cosmique en lui.
L’intelligence de l’énergie cosmique se sert de toutes les passions possibles de l’Homme pour le rapprocher d’elle-même. Et si des siècles sont nécessaires, des siècles passeront, mais un jour le voile de son intelligence doit se déchirer devant les yeux du passionné pour lui créer le choc de sa vie, le choc qui tue sa passion et qui l’élève au-dessus des plaisirs de l’Homme, vertueux ou non, de la cinquième race.
La vie inconsciente sans passion ne vaut pas la peine d’être vécue, car elle ne comporte pas d’ouverture pour le passage de la grande énergie dans l’Homme. Mais la vie continue son ascension, et un jour la passion n’est plus suffisante car toutes les ouvertures, c’est-à-dire toutes les expériences nécessaires à cet Homme, ont été vécues.
L’Homme doit vivre de quelque chose de neuf, d’autre, de réel. Et ce jour est arrivé sur le globe. Et les Hommes verront que les plus grandes passions ne peuvent plus répondre à leur condition intérieure. La condition intérieure de l’Homme est sous le contrôle vibratoire de l’énergie. Et lorsque la vibration de cette énergie change, l’Homme change aussi, et ses passions perdent leur pouvoir sur sa conscience grandissante. La solitude l’envahit petit à petit, il se trahit en lui des sentiments que la passion ne peut éteindre.
La vie déteint en lui et il se demande pourquoi ses passions le laissent petit à petit. Il prend peur, devient-il fou ? Est-il fou ? Non ! C’est l’intelligence réelle qui remplace la folie de la fausse intelligence. La femme qui aimait passionnément se sent refroidir. L’Homme qui passionnément cherchait à se frayer un chemin parmi les Hommes, sent se retirer en lui le grand désir de la compétition. On voit l’inquiétude se réfléchir dans les regards. On voit le sourire s’éteindre sur les lèvres exercées. On voit s’établir un calme peu commun. En effet, c’est difficile pour l’Homme de vivre sans passion. Mais quelle découverte ! Que celle de l’intelligence en lui qui peut lui expliquer enfin, après un si long silence, que la vertu de la passion était en réalité le péché de l’Homme inconscient.
La passion est tellement répandue dans le monde que seul le choc des évènements cosmiques pourra faire réfléchir l’Homme sur la qualité de sa vie et le faire fléchir devant l’inévitable. Pour ceux qui s’acheminent vers la conscience supramentale, la découverte de l’illusion de la passion de l’ego leur fera rapidement réaliser l’inconscience de la Terre et les amènera à vivre et à côtoyer ceux qui sont sans passion et remplis de leur intelligence réelle.
Un des aspects les plus passionnants de la passion, c’est l’amour passionnel. Or, l’amour passionnel est cet amour qui se nourrit de la solitude de l’autre, et en fait sa compagnie afin de remplir sa propre solitude. Quel être imaginatif est l’Homme ! Et pourtant quel être souffre tant à cause de ses croyances ou de ses convictions ! C’est dans l’amour que l’être humain verse le plus d’énergie afin de maintenir vivante la flamme de la passion si souvent et si longuement chantée par les poètes.
Et s’il y a des Hommes sur la Terre passionnés et souffrant de leurs passions, ce sont les poètes. Mais comme ils représentent les muses, ou plutôt le museau des muses, les Hommes y croient, et la passion devient la plume de tous ceux qui veulent ou cherchent à vivre pleinement. Que ne ferait l’Homme pour être passionné de quelque chose ? Et pourtant, la souffrance le guette, car au bout de toute passion se montre le visage éternel de la déception. Et la déception réfléchit l’absence d’intelligence réelle chez l’Homme.
Mais convaincre l’Homme, ce n’est pas facile. Car il est passionnément convaincu. Et le cirque continu, jusqu’à ce que la vibration de l’énergie augmente en lui, et lui fasse découvrir que la vie réelle commence lorsque la passion s’éteint.
Certains diront que la passion de l’esprit a élevé l’Homme au-dessus de l’animal et lui a donné la civilisation. Oui, et il faudra ajouter à ce grand éloge de la passion de l’esprit que viendra le jour où la conscience universelle détruira la passion de l’esprit, pour élever l’Homme au-dessus de lui-même. Et ce sera la naissance du Surhomme, cet être qui ne vivra que de l’intelligence supérieure en lui, qui rendra son esprit parfait pour créer une civilisation supérieure à celle que connaît aujourd’hui l’Humanité passionnée.
L’être humain qui avance en âge réalise que sa passion de jeunesse, qu’elle fut du domaine de l’esprit ou du domaine simplement de l’ego, ne pulse plus en lui. Et il se retourne avec amertume vers son passé afin de vivre du souvenir de ses passions de jeunesse. Et ce souvenir traduit sur le visage du vieil Homme la tristesse de ne plus pouvoir être passionné. Car pour l’Homme, être passionné signifie avoir quelque chose à vivre, ou avoir vécu quelque chose. Et cette tristesse fait partie de la tristesse de la fausse vie qui tire à sa fin.
Lorsque le Surhomme naîtra sur la Terre, il ne connaîtra pas cette tristesse, car sa vie sera réelle et toutes les conséquences d’une telle vie se fondront en lui et lui apporteront la joie de savoir que la passion était la mesure de l’Homme ancien et la conscience celle de l’Homme nouveau. Tant que la passion demeurera la mesure d’une vie, elle devra s’éteindre, car la passion de l’Homme ne peut le mener au-delà des portes de la mort. C’est pourquoi la conscience cosmique de l’Homme lui enlève tout ce qui prélève de son inconscience, fusse une passion aussi éclatante que celle de l’esprit qui donne naissance à la culture et aux grands exploits civilisateurs de l’Homme.
L’Homme est un être de lumière et cet être doit être relâché, rendu libre, afin que l’Homme-lumière puisse construire là où la passion n’a jamais mis le pied. Et c’est pourquoi il doit être expliqué à l’Homme que les domaines choyés de l’expérience de l’Homme ancien sont étrangers à l’Homme nouveau. Car la lumière éclate dans sa vie et noie les ombres d’une conscience inférieure où l’émotion et l’intellect s’acharnent avec passion, lorsqu’en réalité la facilité de la vie réelle “préclut” un tel acharnement à découvrir ou à sentir une fausse réalité.
L’Homme est passionné car il doit tous les jours combattre, et ce combat le force à se manifester contre la grande inconnue : la vie. C’est pourquoi la passion existe sur Terre. Mais lorsque la vie sera comprise et qu’elle aura été démasquée par l’intelligence dans l’Homme, la passion ne sera plus nécessaire pour noyer la grande solitude de l’être humain.
La passion est une sorte d’avidité, de soif insatiable. Elle se décuple selon la nature de l’Homme et peut le mener à sa perte si elle est trop grande. Tant que l’Homme vit de passion, il aboie pour qu’on lui ouvre la porte. Et pourtant elle est ouverte toute grande, cette porte, mais nul ne peut entrer en aboyant. On y entre en silence. La passion est un aboiement et le son réfléchit contre l’ouverture de la porte et en détruit le silence. L’entrée est interdite aux fauves de la vie.
Les Anciens ont essayé d’expliquer à l’Homme la nécessité de vivre au-delà de l’expérience humaine de tous les jours pour comprendre le vrai sens de la vie. Ceci a eu pour effet de créer la passion religieuse, spirituelle et mystique. Or, à la fin du cycle, le feu doit descendre et allumer dans l’Homme une flamme qu’il ne pourra plus éteindre, car cette flamme sera l’intelligence universelle. Et cette flamme, de par sa puissance, détruira tout ce que l’Homme par le passé avait convenu de vivre dans le simple but de vivre à sa faim, dans le cas de la passion de l’ego, ou à sa soif dans le cas de la passion de l’esprit imparfait de l’ego.
Bien que la passion ait donné un caractère particulier à l’Homme, elle lui a enlevé le pouvoir d’être seul avec l’intelligence. Et cette perte a occasionné chez l’Homme la déchéance et la servitude que crée en tout être la passion, même si de grandes œuvres ont émané de lui. Car l’Homme est lumière et doit retourner à cette lumière, mais pas avant d’avoir été poussière et d’en avoir réalisé la limite profonde qui fait de certains des êtres inférieurs en esprit, et d’autres des êtres supérieurs en esprit.
La compréhension des lois de l’intelligence peut neutraliser chez l’Homme la passion, car l’intelligence supérieure augmente la valeur de la vie et institue sur le plan de l’expérience une nouvelle dimension de la vie. Et cette nouvelle dimension n’est plus régie planétairement, car elle est cosmique.
La passion est nécessaire à l’Homme inconscient, car elle détermine la valeur de sa vie, c’est-à-dire la vie qu’il connaît en dehors de sa conscience totale. De sorte que toute pénétration en lui d’une intelligence supramentale constitue ou implique sur sa psychologie égocentrique, un choc de réalisation qui réorganise son mental et son émotif et qui le prédispose à un changement profond dans ses habitudes de vie.
La passion en elle-même ne constitue qu’un palier de l’expérience humaine, palier auquel l’être humain est réfuté à cause de son attachement émotif à la forme qui donne à son existence sa valeur. Mais la forme change lorsque l’intelligence humaine est greffée à l’intelligence cosmique. Et ce changement correspond à sa nouvelle prise de conscience.
Tant que l’être humain se passionne pour quelque chose, il vit de ce qu’il désire, mais ce désir ne coïncide pas nécessairement avec un plan optimal de vie, qu’il découvre lorsqu’il est en voie de croissance vers la conscience supérieure en lui.
La passion éloigne l’Homme de l’intelligence pure car elle lui fournit la raison de vivre, alors qu’il doit vivre de plus en plus selon l’intelligence de l’énergie en lui qui le mène vers la vie totale et parfaite de l’éther.
La passion colore la vie “insécure” de l’Homme, mais le réduit à subir la vie dans toutes ses manifestations, alors que la conscience supramentale l’amène à se libérer de l’enveloppe matérielle et à entrer dans l’espace invisible d’où procèdent la vie, sa mort et le pouvoir sur la nature. Tant que l’Homme vit d’une passion ou d’une autre, le fil qui le relie à l’invisible ne peut être décelé par son intelligence réelle car trop d’énergie sert à nourrir son émotif et son intellect.
La passion constitue un grand appât pour l’Homme, et les Hommes de l’avenir, ceux qui auront passé de l’autre côté de la montagne, ne vivront plus, sur ce plan, de faim insatiable.
La passion relève de tout ce qui est humain et mortel. Elle couvre tous les aspects de la vie de l’Homme et ne connaît pas de répit. Lorsque l’Homme commence en s’en libérer à cause des changements vibratoires en lui, sa première réaction est une de décontenance. Enlevez à un peuple la passion, et vous verrez ce peuple mourir, car un peuple doit vivre de passion.
Mais sur le plan individuel, c’est le contraire qui se produit. De sorte que l’individu ne peut plus ensuite appartenir au peuple, car les affaires du peuple ne sont plus les affaires de l’individu, car l’intelligence en lui étend son champ de vision.
De sorte que l’histoire de l’Homme n’est que le champ de bataille où les passions se bousculent sous la bannière de quelque slogan invitant l’Homme à perdre son individualité afin de se fondre à la conscience grégaire d’une conscience collective astrale et sans intelligence réelle.
Il faut avoir vécu dans la conscience supramentale pour découvrir jusqu’à quel point l’ego recherche une forme de passion quelconque pour balancer ses énergies astrales et mentales inférieures.
Il faut avoir connu le vide pour comprendre pourquoi il est si difficile à l’Homme d’être parfait dans sa conscience, et pourquoi il est presque impossible à l’Homme de connaître à la fois l’Éther et la matière tant qu’il n’a pas su vivre totalement en dehors de la passion qui supporte sa conscience inférieure, et l’éloigne de cette partie de lui-même dans l’invisible qui veut se raccorder, mais qui en est empêchée par un trop plein d’énergie astrale.
Toute passion est étrangère à la conscience supramentale, même la passion de l’art ou la passion de la musique ou la passion de l’amour etc. Car toute passion, bien que propice et bénéfique à l’être inconscient, lui barre la route de l’intelligence intégrale, car cette intelligence ne convient de rien qui soit sujet à la nature inférieure de l’Homme. Sa présence, d’ailleurs, dans l’Homme, reflète justement le changement qui doit être apporté à la personne de l’Homme, pour que cette dernière se libère du fardeau existentiel que crée la passion humaine.
L’Homme ne peut pas être planétaire et cosmique à la fois. S’il est un, il ne peut être l’autre. Car l’Homme ne peut servir deux maîtres à la fois, comme dit très bien le dicton.
mise à jour le 20/06/2024